Atteinte faciale de l’alopécie frontale fibrosante : étude rétrospective de 18 cas

L’alopécie frontale fibrosante (AFF), est une alopécie cicatricielle rare. Longtemps considérée comme une forme de lichen plan pilaire du fait de caractéristiques histopathologiques similaires (infiltrat lymphoïde péri-pilaire puis fibrose et disparition du follicule pileux), cela est remis en question par les particularités cliniques et épidémiologiques de l’AFF. Elle se traduit par un recul lent et symétrique de la lisière d’implantation du cuir chevelu mais peut s’associer à d’autres lésions du visage qui sont plus rarement décrites. Cette étude rétrospective avait comme objectif de recueillir les données démographiques, cliniques et histologiques de patients présentant une atteinte faciale d’AFF. Les dossiers de tous les patients atteints d’AFF vus entre janvier 2010 et septembre 2020 ont été revus à partir du fichier iconographique et de la base de données d’anatomopathologie pour inclure ceux avec une atteinte faciale rapportée dans le dossier ou visible sur photographie. Parmi les 85 patients suivi pour une AFF, 17 avaient une atteinte faciale (20 %) : 17 femmes et 1 homme, âgés de 33 à 70 ans au diagnostic (âge médian 63 ans) tous caucasiens. Douze femmes étaient ménopausées (67 %). Le délai moyen avant diagnostic était de 6 ans. Cliniquement 15 (83 %) avait une alopécie frontale ± temporale, ce qui signifie que 5 patients (17 %) avaient une atteinte faciale sans franche alopécie frontale, tous avaient une alopécie des sourcils, 15 (83 %) un érythème péri-folliculaire, 10 (56 %) des papules faciales, 4 (22 %) des macules pigmentées, 5 (28 %) une perte du duvet des membres. Une femme avait une atteinte des paupières confirmée histologiquement et une seconde un aspect « vieilli/fripé » du front, toutes deux de moins de 40 ans. Sur le plan histologique, 71 % avaient un infiltrat lymphoïde péri-pilaire et/ou 36 % une fibrose. Neuf des 18 patients ont été traités par hydroxychloroquine mais sans disparition des lésions. Les autres traitements les plus fréquemment prescrits étaient les dermocorticoïdes, les corticoïdes retards, les cyclines, le tacrolimus topique, l’acitrétine ou le laser CO2. Nos résultats sont sensiblement comparables à ceux d’une série espagnole d’AFF publiée en 2015 où 12/55 soit 22 % des patients avaient une atteinte faciale. Tous avaient une alopécie des sourcils, 92 % des papules faciales, 75 % un érythème péri-folliculaire, 67 % des macules pigmentées. Dans une autre série anglaise de 771 femmes, ménopausées pour 73 % d’entre elles (âge médian = 66 ans), 90 % avaient une atteinte des sourcils et 44 % une perte des cils. L’hydroxychloroquine était le traitement le plus prescrit. Notre série souligne pour la première fois une possible atteinte des paupières et un aspect « vieilli/fripé » du front. L’atteinte faciale de l’AFF mérite d’être connue car elle pourrait dans certain cas précéder l’alopécie frontale.