Épidémiologie Des Réactions D’hypersensibilité Immédiate Périopératoires En France Entre 2017 Et 2018 : Résultats Préliminaires De La 11ème Enquête Du GERAP

Les réactions d’hypersensibilité immédiate (HSI) périopératoires sont des évènements rares, mais pourvoyeurs d’une morbi-mortalité non négligeable. L’épidémiologie de ces réactions évolue avec le temps, les changements dans l’environnement et dans les pratiques professionnelles. Il est donc nécessaire de monitorer cette évolution afin d’identifier l’apparition de nouveaux risques. L’objectif de notre étude était de décrire l’épidémiologie des réactions d’HSI périopératoires en France en 2017–2018. Tout patient ayant eu une réaction d’HSI périopératoire entre le 01/01/17 et le 31/12/18 et ayant été vu en consultation d’allergologie dans un centre membre du Groupe d’étude des réactions anaphylactiques périopératoires (GERAP) était inclus. Au total, 748 patients ont été inclus, majoritairement des femmes (60 %). Parmi ces patients, 468 (63 %) avaient fait une réaction IgE-médiée et 198 (26 %) une réaction non-IgE-médiée. Huit patients (1 %) avaient une mastocytose. Les réactions d’HSI IgE-médiées étaient majoritairement sévères avec 273 (58 %) réactions de grade III selon la classification de Ring et Messmer modifiée. Les principaux agents responsables de réactions IgE-médiées étaient les curares (n = 265 ; 57 %), les antibiotiques (n = 124, 26 %) et les colorants (n = 15 ; 3 %). Seules 9 réactions (2 %) étaient attribuées au latex. Parmi les curares, le suxaméthonium était le principal agent en cause (n = 153 ; 58 %). La céfazoline était impliquée dans la moitié des réactions aux antibiotiques (n = 61, 49 %). Parmi ces patients, 10 (16 %) n’avaient jamais été anesthésiés avant. Les curares, les antibiotiques et les colorants sont les principales causes de réactions allergiques périopératoires en France en 2017–2018. Les antibiotiques occupent une place croissante dans ces réactions, notamment à cause des réactions à la céfazoline. Une attention particulière doit être portée à ce médicament, notamment pour essayer de comprendre l’origine de cette sensibilisation. L’existence d’une exposition cachée à la céfazoline dans l’environnement ou d’une réaction croisée inconnue pourrait expliquer cette sensibilisation.