Les déterminants cliniques et histologiques de la qualité de vie chez les survivants aux cancers thyroïdiens différenciés

Avec la présence d’une population croissante de longs survivants aux cancers différenciés de la thyroïde (CDT), les aspects liés à la préservation de la qualité de vie (QDV) pèsent de plus en plus dans la stratégie thérapeutique globale. L’objectif de notre travail est de déterminer les facteurs histologiques et cliniques pouvant influencer la QDV à long terme des survivants aux CDT. Étude transversale analytique ayant colligé 86 longs survivants aux CDT suivis au centre universitaire de Sfax, Tunisie. Un questionnaire SF-36 a été adressé à tous les patients recrutés. Les données cliniques et histologiques des patients inclus ont été recueillies rétrospectivement sur leurs dossiers médicaux. Les longs survivants avaient un âge moyen de 44,3 ± 12,5 ans avec une prédominance féminine (89,5 %). La survie moyenne sans maladie des patients recrutés étaient 5,8 ± 4,8 ans. L’âge au diagnostic était significativement et négativement corrélé aux scores fonctionnement physique (PF) (r = −0,3 ; p = 0,005), rôle physique (RP) (r = −0,32 ; p = 0,002), rôle émotionnel (RE) (r = −0,24 ; p = 0,024) et fonctionnement social (SF) (r = −0,21 ; p = 0,049). Aucune influence du genre n’a été démontrée, toutefois le domaine SF était significativement altéré chez les survivantes ménopausées (p = 0,038). La présence de comorbidités somatiques supplémentaires affectait négativement et significativement le score RP (p = 0,04). Le type histologique (papillaire ou folliculaire) et la multifocalité n’influençaient pas la QDV à long terme dans cette population. La taille du CDT était associée à l’altération du domaine santé générale (GH) (p = 0,026). Les métastases ganglionnaires étaient associées à la détérioration du score PF (p = 0,006). Les métastases à distance n’avaient pas d’influence significative sur les domaines SF-36 dans notre échantillon. Les patients classés à risque ATA intermédiaire ou haut montraient des scores PF, RP, vitalité et douleur physique plus altérés. La durée de survie sans maladie était positivement et significativement corrélée au score santé mentale (r = 0,21 ; p = 0,046). Nombreux facteurs cliniques et histologiques sont responsables de l’altération d’un ou plusieurs aspects de la QDV des longs survivants aux CDT. L’identification précoce de ces déterminants et l’instauration, en amont, d’une intervention efficace aideraient à améliorer la prise en charge globale de cette population au-delà du simple traitement oncologique.