Voyage scolaire, une situation à risque accru pour nos patients allergiques alimentaires

En Europe, l’anaphylaxie d’origine alimentaire est fréquente en population pédiatrique et représente 66 % des réactions. Ces accidents ont lieu la plupart du temps au domicile (58 %) et entre 10 à 20 % d’entre eux surviennent à l’école. Peu ou pas d’anaphylaxies sont décrites lors des voyages scolaires ou lors d’activités extrascolaires. Nous nous concentrerons sur le cas particulier des anaphylaxies survenant lors des voyages scolaires. Nous rapportons le cas de deux adolescents suivis dans une unité d’Allergologie d’Île-de France, ayant présenté une anaphylaxie alimentaire sévère lors d’un voyage scolaire. Le premier cas est un adolescent de 14 ans, allergique à la noix de cajou avec un antécédent de réaction de grade 2. Lors d’un voyage scolaire en Italie, l’équipe éducative informe le restaurateur de ses évictions alimentaires, noix de cajou, pistache et informe qu’il tolère le pesto non industriel. Après consommation de pâtes au pesto, il présente une réaction de grade 3 traitée par adrénaline. Le test cutané et l’IgE pignon de pin sont négatifs. Nous avons suspecté une contamination du pesto par de la noix de cajou. Le deuxième cas est un autre adolescent de 15 ans avec une allergie aux protéines de lait de vache en cours d’immunothérapie orale (dose actuelle 0,04 mL de lait). Lors d’un voyage scolaire, en avion, M. a mangé un sandwich préparé par sa famille d’accueil, qui connaissait son allergie. Il fait une réaction de grade 3 traitée favorablement par deux injections d’adrénaline, mais nécessitant un atterrissage d’urgence. Nous avons suspecté que le patient avait consommé le sandwich destiné à un autre enfant, contenant des protéines de lait de vache puisque les autres aliments du sandwich étaient tolérés. Ces deux cas d’anaphylaxie alimentaire sévère survenus lors de voyages scolaires mettent en lumière le risque accru d’accidents dû à cette circonstance particulière. Parmi les cas déclarés survenant en dehors de la restauration scolaire, aucun ne l’est au moment d’un voyage scolaire. D’autres études sont nécessaires pour évaluer la prévalence de ces accidents afin d’optimiser leur prise en charge et réduire le risque d’anaphylaxies sévères.