Maltraitances sexuelles infantiles et répétition victimaire dans les relations conjugales à l’âge adulte

Dans cet article, nous avons souhaité montrer les conséquences des violences sexuelles infantiles sur le développement psychique et leurs implications dans la répétition victimaire à l’âge adulte. La situation clinique présentée dans cet article est issue d’une recherche portant sur l’impact des relations précoces dans le vécu de relations conjugales violentes à l’âge adulte. Cette étude de cas, paradigmatique du reste de notre population d’étude, est analysée dans une perspective psychanalytique. Cette situation clinique montre les enjeux conscients et inconscients des maltraitances sexuelles infantiles dans le développement psychique des victimes. En effet, l’effraction psychique causée par les maltraitances sexuelles infantiles précoces ont mis en péril la construction du moi. Pour se protéger et se prémunir d’une désorganisation psychique et/ou somatique, la participante s’est alors coupée d’une partie de sa vie affective, entravant l’élaboration psychique et favorisant la répétition victimaire. Face aux traumatismes sexuels précoces, même si le sujet maintient les éléments traumatiques à distance, ceux-ci agissent toujours en trame de fond de l’appareil psychique. Le travail de la honte et de la culpabilité, constitutifs du masochisme moral, plongent ainsi le sujet dans une contrainte de répétition. En effet, s’ils ne trouvent pas d’issue en s’exprimant dans un cadre propice à la symbolisation, les éléments du traumatisme initial se réactualisent à travers la répétition de relations conjugales violentes. Pour prendre en charge les femmes victimes de maltraitances sexuelles infantiles et prévenir la contrainte de répétition, il apparaît nécessaire de tenir compte des modalités de fonctionnement psychique des victimes et des processus de transformation qui ont pu s’opérer face aux traumatismes subis. In this article, we show the consequences of childhood sexual abuse on psychic development and its implication in victimary repetition in adulthood. The case study presented in this article is from a doctoral research project in psychology about the impact of early relationships on the experience of intimate partner violence in adulthood. This case appears emblematic of the rest of our population. The elements mentioned are anonymized and analyzed from a psychoanalytic perspective. The results show the conscious and unconscious consequences of childhood sexual abuse on the victims’ psychological development. Indeed, the psychic intrusion following early sexual abuse hinders the construction of the self and prevents the psychic instances from functioning properly. This intrusion also leads to repetition in violent intimate relationships. Oscillating between primary and secondary processes, the person can cut her/himself off from a part of her/his emotional life to avoid psychic and/or somatic disorganization. After experiencing early sexual trauma, even if the psychic apparatus is temporarily able to keep the traumatic elements far from the conscious mind, these elements still act in the unconscious. The work of shame and guilt, which are constitutive elements of moral masochism, lock the subject into a deadly repetition compulsion that can promote the experience of repetitive intimate partner violence (physical, psychological, sexual) in adulthood. To prevent, detect, and care for women victims of childhood sexual abuse, it is necessary to consider their modalities of psychic functioning, the formation of their Self, and their ability to psychically transform the trauma they suffered.