Réactions lichénoïdes orales induites par les anticorps anti-PD1/PD-L1☆

Introduction De par leur mecanisme d’action, les inhibiteurs de checkpoint immunologiques ciblant PD1 (ou son ligand PD-L1) s’associent surtout a des toxicites d’origine immunologique, notamment dermatologiques. Nous rapportons six patients developpant des lesions lichenoides orales sous anti-PD1 ou PD-L1. Cette complication n’avait ete qu’exceptionnellement decrite jusqu’ici avec ces molecules. Materiel et methodes Analyse systematique clinique et/ou histologique des cas de reactions lichenoides endobuccales survenues au cours d’un traitement par anticorps monoclonal anti-PD1 ou PD-L1, observes conjointement dans deux centres anticancereux (France et Etats-Unis). Observations Six patients etaient adresses pour lesions lichenoides endobuccales apparues pendant un traitement par l’anti-PD1 nivolumab (cinq patients ; 1 ou 3 mg/kg/2 semaines pour myelome, lymphome, adenocarcinome renal, glioblastome et carcinome bronchique) ou par anti-PD-L1 (une patiente, cancer du sein). Les lesions etaient localisees sur le dos de la langue, les gencives et/ou sur la muqueuse non keratinisee (jugale, labiale, velaire ou plancher buccal). Elles associaient un reseau reticule caracteristique avec des zones erythemateuses ou atrophiques. Le delai d’apparition etait de 4 a 60 semaines. L’analyse histologique (trois patients) individualisait un aspect identique d’agression lichenoide de la membrane basale avec infiltrat lymphohistiocytaire. Deux patients presentaient une atteinte cutanee lichenoide associee. Trois patients etaient symptomatiques mais l’immunotherapie etait maintenue dans tous les cas. On constatait une regression des lesions chez les trois patients traites par dermocorticoides ou a l’arret de l’anticorps chez un autre patient (Fig. 1 et 2). Discussion La toxicite dermatologique des anti-PD1/PD-L1 se manifeste surtout par un exantheme maculopapuleux et/ou un prurit. Des atteintes plus caracteristiques sont parfois observees, comme des lesions psoriasiformes ou des reactions lichenoides cutanees. Une toxicite endobuccale est rarement notee dans ce contexte ( Conclusion Ces reactions lichenoides orales correspondent tres probablement a un effet-classe des anti-PD1/PD-L1. Une evaluation prospective avec examen endobuccal systematique pourra seule permettre de preciser l’incidence de ces lesions induites.