Réévaluons les durées des antibiothérapie

L’augmentation de la prévalence des résistances aux antibiotiques est une préoccupation majeure aujourd’hui et le bon usage de ces molécules est essentiel pour les préserver. Il a été mis en place dans notre établissement, un contrôle systématique des prescriptions d’antibiotiques atteignant 7 jours, afin de vérifier si la durée de l’antibiothérapie est conforme aux recommandations. Du 1er juin 2017 au 31 mai 2018, l’interne en pharmacie (via le logiciel de prescription Phedra® [S.I.B]) a détecté chaque jour les antibiothérapies curatives prescrites depuis 7 jours ou plus (comprenant les modifications d’antibiotiques), dans tous les services adultes de l’hôpital. Les données suivantes ont été colligées dans un tableur Excel® et transmises le jour même à l’infectiologue référent en antibiothérapie : nom du patient, service, site de l’infection, antibiotique(s) prescrit(s) depuis plus de 7 jours et durée prévue du traitement (indiquée sur le logiciel de prescription). Cette durée a été réévaluée, au lit du patient, en concertation avec le prescripteur initial, selon la situation clinique et les recommandations et données disponibles sur les durées de traitement. Suite à cette réévaluation, les données suivantes ont été également recueillies : avis de l’infectiologue sur la durée initialement prescrite (justifiée ou pouvant être modifiée), si non justifiée : nouvelle durée préconisée, devenir de l’intervention et durée réelle du traitement. Au total, 147 antibiothérapies prescrites depuis plus de 7 jours ont été signalées. Les indications étaient principalement des infections ostéoarticulaires (n = 37), urinaires (n = 34), pulmonaires (n = 20), digestives (n = 18), de la peau et tissus mous (n = 12), des endocardites (n = 7). L’infectiologue référent a considéré que la durée prévue était justifiée dans 105 cas (71,4 %) et pouvait être raccourcie dans 42 cas (28,6 %). Pour ces derniers, 16 (38,1 %) concernaient des infections urinaires et 9 (21,4 %) des infections pulmonaires. Les prescripteurs ont accepté la proposition de durée plus courte dans 39 cas, soit un taux d’acceptation de 92,9 %. Pour ces patients, la médiane de durée de traitement est passée de 10 jours (durée prévue initialement) à 7 jours (durée réelle). Au total, 153 jours d’antibiothérapie ont été économisés sur un an. Cette stratégie de contrôle des antibiothérapies de plus de 7 jours, par un binôme infectiologue/pharmacien, permet de réduire les durées de traitement dans 27 % des cas et ainsi de diminuer l’exposition inutile des patients aux antibiotiques.