Œdèmes vulvaires isolés : une forme atypique d’urticaire inductible

Introduction Le dermographisme est une forme particuliere d’urticaire inductible. Habituellement il se manifeste par des stries papuleuses rouges reproduites a la suite d’un traumatisme mineur sur la peau. Nous decrivons ici 2 cas d’œdeme vulvaire isole rapportes a un dermographisme. Observations Premier cas : patiente de 21 ans, nullipare, sous contraception par Pacilia®, sans antecedant personnel, familial ou allergique connu. Elle decrivait un œdeme du perinee (vulve, grandes et petites levres) apres chaque rapport, apparaissant au bout de 4 a 5 minutes, lors du rapport, persistant 2 a 12 heures avec une disparition complete en 24 heures et evoluant depuis 4 ans. Sensation de gene douloureuse, sans prurit, non modifie par l’usage de lubrifiant ou preservatif, eliminant une allergie au latex ou du liquide seminal, plus intense selon la duree du rapport, egalement declenche par la presence de protection periodique ou tampons, n’ayant jamais interesse aucun autre territoire cutane ou muqueux. L’examen trouvait un dermographisme. Un traitement antihistaminique (desloratadine 1/j) etait instaure avec disparition complete des œdemes. Il etait conclu a un dermographisme se manifestant exclusivement par des œdemes vulvaires declenches par les rapports sexuels. Second cas : patiente de 34 ans, aux antecedents de nodule thyroidien en euthyroidie, dyslipidemie traitee par atorvastatine, nullipare, sous contraception par desogestrel. Pas d’allergie ni d’antecedent familial d’angio-œdeme connu. Œdemes ayant debute a l’âge de 26 ans, plusieurs fois par semaine, localises au niveau de la vulve (petites levres et clitoris). Un essai de traitement par corticotherapie orale, antibiotiques et desloratadine (1/j) pendant 7 jours etait sans efficacite. Le dosage du C1 inhibiteur ponderal et fonctionnel en 2011 etait a la limite de la normale, le diagnostic d’œdeme bradykinique de type III etait evoque et un traitement par acide tranexamique (2 g/j) etait debute avec un controle partiel des œdemes. Elle etait revue en 2018 : aucune anomalie de la region genitale, franc dermographisme, reactions lors du moindre frottement et parfois lesions d’urticaire spontanee, faisant evoquer un angio-œdeme histaminique de type dermographisme a l’origine de ses œdemes vulvaires. Controle de C1 inhibiteur etait normal. Un traitement antihistaminique par levocetirizine 2/jour etait debute. La guerison complete des œdemes sous antihistaminiques seuls etait observee. Discussion Le dermographisme vulvaire est une entite connue mais peu decrite, sous-diagnostiquee devant la forme et la localisation inhabituelle. A notre connaissance de rares cas sont decrits dans la litterature. Conclusion Description de 2 cas de dermographisme avec œdeme localise vulvaire avec dans les 2 cas une errance diagnostique de plusieurs annees. Il nous semble important de rapporter cette forme clinique rare de dermographisme. Celui-ci doit etre systematiquement cherche devant un œdeme vulvaire isole declenche par les rapports. Les antihistaminiques sont le traitement de premiere intention comme pour toutes les urticaires inductibles.