Place de l’activité physique adaptée dans la prise en charge de l’anorexie mentale : étude rétrospective chez 46 patientes hospitalisées en 2018

Introduction et but de l’etude L’activite physique adaptee (APA) est de plus en plus integree aux programmes de rehabilitation multimodale dans les pathologies chroniques compliquees de denutrition. Le maintien d’une activite physique au cours de la renutrition dans l’anorexie mentale (AN) reste controverse en raison de l’hyperactivite. Des etudes recentes ont suggere un role benefique d’une APA, au cours de la renutrition dans l’AN, sur la composition corporelle, sur le metabolisme energetique et sur les symptomes anxio-depressifs. L’objectif principal etait d’evaluer l’evolution ponderale et la duree de sejour des patients ayant suivi un programme d’APA au cours de leur hospitalisation pour AN. Nous avons aussi evalue le ressenti des patients sur l’APA et leurs symptomes (hyperactivite, anxiete, dysmorphophobie) et l’acceptation de la reprise de poids. Materiel et methodes Nous avons realise un questionnaire par entretien telephonique chez tous les patients majeurs ayant ete hospitalises pour AN en 2018 dans un service de SSR Nutrition. L’APA etait prescrite selon l’appreciation du clinicien. Le poids d’entree et de sortie d’hospitalisation, l’âge et le diagnostic d’AN restrictive ou mixte ont ete collectes a partir des dossiers. Les patients ont ete repartis en trois groupes selon le nombre de seances d’APA par semaine sur l’ensemble de l’hospitalisation : groupe APA   2 (plus de 2 seances par semaine). Les donnees quantitatives ont ete analysees par ANOVA et celle qualitatives par le test du chi-2. Resultats et analyse statistique Le recueil de donnees a pu etre complete en mars 2019 pour 46 des 81 patients hospitalises en 2018, toutes des femmes (30 restrictives et 16 mixtes). L’âge moyen etait de 33,7 ans (± 15,4), la duree d’evolution moyenne declaree de la maladie de 11,0 ans (± 13,2). Huit patientes etaient dans le groupe APA   2. La duree moyenne d’hospitalisation etait de 63 jours (± 36) sans difference significative entre les groupes. Il existait une difference significative concernant l’IMC (kg/m2) d’entree : APA   2 : 15,0 ± 1,5, p = 0,01), l’IMC de sortie (APA   2 : 16,3 ± 1,2, p = 0,02) et l’IMC lors du recueil (APA   2 : 16,7 ± 2,0, p = 0,04). Toutes les patientes ont pris de la corpulence pendant (sortie-entree : 1,2 ± 1,1) et apres l’hospitalisation (recueil–sortie : 0,4 ± 1,8), sans difference significative entre les groupes. Les patientes ayant pratique le plus d’APA declaraient une amelioration de leur hyperactivite physique (p = 0,04), et une meilleure acceptation de la prise de poids (p = 0,03). Il existait une tendance concernant l’amelioration des symptomes anxio-depressifs (p = 0,07) et de la dysmorphophobie (p = 0,09). Conclusion La pratique de l’APA au cours de la renutrition dans l’AN semble associee a une diminution de l’hyperactivite physique et une meilleure acceptation de la prise de poids. Une etude prospective randomisee est necessaire pour confirmer ces resultats et mieux comprendre les mecanismes impliques.