Étudier la conversation pour mieux comprendre le langage

TIPA. Travaux interdisciplinaires sur la parole et le langage(2022)

引用 0|浏览0
暂无评分
摘要
Ce chapitre aborde les manifestations linguistiques de la conversation. Longtemps, les linguistes ont traité séparément chacun des niveaux du langage oral (phonologie, lexique, syntaxe, discours), notamment à partir de corpus de parole préparée et non interactive. Les travaux sur la parole en conversation permettent de mettre en évidence ce que les théories linguistiques modernes cherchent à intégrer : l’interdépendance de ces dimensions. En outre, au-delà de la description de variantes, ces travaux nous permettent d’étudier de façon spécifique les processus de production et de compréhension du langage, y compris en les considérant de façon conjointe, en nous appuyant sur les théories les plus récentes de l’interaction.Nous proposons dans ce chapitre d’aborder tout d’abord les particularités du langage conversationnel ainsi que leur impact sur les unités et les phénomènes généralement étudiés par les linguistes : phonèmes, morphèmes, syntagmes, unités prosodiques, propositions, unités discursives. Ces particularités proviennent notamment de paramètres communs à la plupart des situations communicatives conversationnelles : une certaine pression temporelle, la co-présence des participants, le caractère fugace de ces productions conversationnelles dont la forme est oubliée dès que le message a été transmis. La pression temporelle donne des caractéristiques fortes au langage conversationnel liées à la gestion du temps (réductions lexicales, phonétiques, disfluences, etc.). La fugacité des productions autorise l’utilisation de stratégies particulières (répétitions, redondances, reformulations) qui sont généralement évitées dans les autres usages langagiers. La co-présence, enfin, permet l’utilisation de toutes les modalités impliquées dans une interaction, et sur lesquelles reposent les multiples mécanismes d’alignement entre participants. Il faut ajouter que l’étude de ces particularités est profondément impactée par les notions de contexte et de connaissance partagée qui fondent une interaction. L’ensemble de ces particularités dues au langage conversationnel entraîne des ajustements à tous les niveaux de la production, mais de façon spécifique pour chacun d’entre eux. Ces ajustements ne sont pas toujours décrits à chaque niveau, mais plus encore, ils sont rarement analysés de façon conjointe. Il nous semble ainsi important de mettre ici en perspective les différents types de modifications linguistiques liées à la conversation.De plus, comprendre ces questions générales nécessite la description précise des phénomènes propres à la conversation (cf. analyse conversationnelle et linguistique interactionnelle). Ces phénomènes incluent les tours de paroles, les signaux d’écoute et le feedback conversationnel, ou encore les énoncés co‑produits.Ces phénomènes particuliers à la conversation doivent être mis en perspective avec la question de l’interaction existant entre les unités. Nous savons par exemple que les réductions phonétiques affectent plus spécifiquement les séquences dont la charge sémantique et informationnelle est faible. Il est donc nécessaire de décrire les conditions dans lesquelles ces interactions sont possibles. En particulier, il est nécessaire de les expliquer en les mettant en perspective par rapport à la question de la compréhension.Les participants à une conversation cherchent à atteindre des buts externes à l’activité communicative, mais qui passent par la réalisation de leurs buts communicatifs. Pour atteindre ces buts, ils / elles doivent articuler des éléments informatifs grâce aux structures du langage étudiées traditionnellement et qui permettent de construire et d’articuler des représentations. La conversation est un lieu d’observation privilégié de ces phénomènes. Les interactions entre participants se construisent généralement sur la base d’un échange d’informations. Celui-ci n’est pas un mécanisme figé comme l’a longtemps expliqué la linguistique. Il peut reposer sur des traitements très superficiels pendant lesquels chaque participant produit et perçoit des bribes d’information. La façon dont celles-ci s’agrègent pendant une conversation ne repose sans doute pas toujours sur un processus compositionnel, mais consiste plutôt à permettre à tous les participants de construire un ensemble partagé de connaissances. Nous décrirons dans ce chapitre les indices observables de ce mécanisme, en abordant en particulier la question de l’alignement des unités linguistiques que nous observons au cours d’une conversation. Cette approche de l’interaction permet de fournir un cadre théorique pour l’explication des phénomènes conversationnels cités précédemment.Ce chapitre sera structuré de la façon suivante : 1/ la conversation sera discutée comme l’articulation entre représentation et communication par le langage en tant qu’action sociale ; 2/ une deuxième partie visera à dresser un inventaire des « traces » de l’activité de conversation (but communicatif, pression temporelle, co-présence, charge cognitive, pression sociale) sur les différentes unités linguistiques (phonèmes, lexique, syntaxe, prosodie) ; 3/ seront abordés ensuite les phénomènes propres à la conversation n’étant pas identifiables dans d’autres types de parole (tours de parole, disfluences, feedback conversationnel, énoncés co-produits, énoncés non-phrastiques, énoncés non-lexicaux, etc.) ; 4/ nous développerons pour finir quelques perspectives liées à l’ensemble de ces travaux.
更多
查看译文
关键词
conversation,feedbacks,reductions,disfluences,alignement,interaction
AI 理解论文
溯源树
样例
生成溯源树,研究论文发展脉络
Chat Paper
正在生成论文摘要