Alignement, affiliation et trajectoire interactionnelle dans la conversation

TIPA. Travaux interdisciplinaires sur la parole et le langage(2022)

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摘要
Le déploiement dynamique de l’interaction a été étudié principalement sous l’angle de la collaboration et/ou de la convergence. Tant en linguistique qu’en psycholinguistique, les auteurs ont surtout cherché à montrer qu’en raison d’une forte prédictibilité (psycholinguistique) ou projection/projectabilité (Analyse Conversationnelle, Linguistique Interactionnelle) des énoncés, réalisée notamment sur le plan langagier grâce à des indices de projection permettant d’anticiper ce qui va se produire, la conversation est une action/activité conjointe dans laquelle la recherche de convergence (alignement) s’avère centrale. Cette recherche de convergence se traduirait par une collaboration quasi incessante tout au cours de l’interaction. Différents phénomènes (items de feedbacks, énoncés collaboratifs, parmi d’autres) tendent à conforter cette conception selon laquelle la conversation serait d’abord collaboration et manifestation explicite de cette collaboration à son partenaire. Les partenaires n’auraient donc de cesse de s’aligner pour aboutir à une compréhension mutuelle optimale. S’il est vrai que la collaboration des participants facilite grandement la conversation, voire que la conversation serait « si facile » parce que l’on s’aligne en permanence, et ce par des processus les plus automatiques possibles (Garrod & Pickering, 2004), cette vision collaborative de la conversation nécessite pourtant d’être nuancée. En effet, l’analyse de divers extraits de corpus conversationnels montre que cette notion de collaboration ne permet pas de rendre compte de la richesse que recèle la conversation et qui est liée à son dynamisme intrinsèque. On peut ainsi parfois observer une simple collaboration de « surface », voire une absence de collaboration. Ainsi, alors qu’une interaction fait appel à un large répertoire de pratiques (répétition, complétion d’énoncé, transition thématique, feedback, humour, etc.), nous souhaitons montrer que la collaboration des participants ne forme que l’une des façons possibles d’exploiter ce large répertoire, et qu’elle coexiste avec d’autres formes, moins collaboratives, voire non-collaboratives, sur lesquelles cet article sera centré. A travers l’étude des énoncés non attendus (non prédictibles), caractérisés comme désalignés et/ou désaffiliés dans certains de nos travaux (Bertrand & Priego-Valverde, 2017, Priego-Valverde, 2021), nous souhaitons mettre l’accent sur l’impact qu’ils peuvent avoir sur la dynamique interactionnelle. Ainsi, certains de ces énoncés peuvent être simplement refusés ou ignorés parce que leur prise en compte entraînerait un changement de la trajectoire interactionnelle initiée par l’un des participants. En revanche, d’autres énoncés, bien qu’inattendus, peuvent être acceptés et intégrés à la conversation en cours. Il est donc crucial de mettre à jour les contraintes auxquelles les participants doivent se plier (« ce qu’il faut faire ») tour par tour pour permettre la poursuite « réussie » de l’interaction. Nous souhaitons donc montrer également que les conversations ne sont pas nécessairement vouées à l’échec si la collaboration au sens strict n’est pas totale. Ainsi, ces énoncés inattendus seraient l’occasion d’introduire de nouveaux possibles, nous permettant de penser que la conversation serait faite à la fois de ces formes/patterns déjà présents (codifiés) mais aussi de nouveaux ‘possibles’ émergents, dans la lignée des travaux de la Grammaire en Interaction (Ochs et al., 1996 ; Auer, 2005). Nous nous proposons de « traquer » l’émergence de ces ‘nouveaux possibles’ : quand apparaissent-ils ? Quelle est leur nature ? Quelles en sont les conséquences pour l’interaction en cours ? A ce titre, nous analysons cinq extraits de corpus conversationnels par le prisme des trajectoires interactionnelles que les participants empruntent. Ainsi, le premier exemple que nous analyserons illustre parfaitement cette notion d’activité collaborative admise dans de nombreux travaux sur le dialogue et les interactions interindividuelles (Sacks et al., 1974 ; Clark, 1996, Sidnell & Stivers, 2013 ; Couper-Kuhlen & Selting, 2018) pour qualifier la conversation. Si nous ne contestons pas cette notion de collaboration inhérente aux interactions, nous avons pour objectif de montrer que sous cette notion relativement consensuelle « se cachent » des pratiques et des procédés divers, qui en font finalement une notion relativement floue. A l’appui des autres exemples, nous montrerons dans cet article que des concepts tels que la progressivité des discours, les trajectoires interactionnelles, l’alignement ou l’affiliation, permettent de mieux appréhender ce que nous considérons comme un accomplissement interactionnel réussi, lequel passe par différents moments au cours desquels les participants peuvent être plus ou moins collaboratifs. L’analyse détaillée de ces différents exemples nous permettra d’une part de montrer que le dynamisme des interactions se révèle une porte d’entrée cruciale pour en révéler leur fonctionnement dans toute sa complexité. D’autre part, il nous incite à réfléchir aux paradigmes utilisables pour étudier l’impact de ces formes inattendues sur les trajectoires conversationnelles dans un cadre expérimental.
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关键词
conversation,trajectoire,affiliation,et,dans
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