Etats des lieux infirmiers hospitaliers dans le bon usage des antibiotiques

La surconsommation des antibiotiques (ATB) stagne en France malgré le risque de résistance bactérienne. Pourtant les ATB sont soumis à des règles de prescription et d'administration. L'objectif de ce travail est de faire un état des lieux des connaissances sur les ATB des infirmiers (IDE) de différents services de médecine du centre hospitalier, afin de proposer des actions sur le bon usage adéquat. Un questionnaire anonyme a été remis à chaque IDE, comprenant 13 questions sur leurs connaissances, croyances, utilisation des ATB, dont; 5 questions sur des notions d'antibiorésistance (l'activité ATB, la consommation des ATB en France, la pathogénicité bactérienne, la résistance bactérienne et la vaccination); 1 question évalue si les IDE estiment avoir une implication dans l'antibiothérapie du patient; 7 questions de connaissances et d'utilisation des ATB (2 questions sur prélèvements bactériologiques, évaluation des signes de sepsis chez un patient, les classes d'ATB, leurs effets indésirables majeurs, la durée moyenne d'une antibiothérapie et les règles de réévaluation). Cinquante questionnaires ont été relevés (100% de réponse) dans 6 services (SMIT (18), Médecine Générale (6) et Gériatrique (11), Néphrologie (3), Rhumatologie (5), SSR gériatrique (7)). Les notions sur la pathogénicité des bactéries et la bactéricidie sont connues (respectivement 96% 48/50 et 94% 47/50), en revanche, 50% (25/50) pensent que c'est l'organisme du patient qui est résistant aux antibiotiques. Aussi, 52% (26/50) sont convaincus que la vaccination a un rôle dans la lutte contre l'antibiorésistance. Pour 92% (46/50) des IDE, ils ont une place dans la prise en soin d'un patient avec antibiothérapie. D'autres connaissances sont disparates: on relève une bonne connaissance des moments de prélèvements (80% 40/50) et des effets indésirables majeurs liés aux ATB (74% 37/50). Cependant si l'on demande aux audités de lister spontanément les classes d'ATB, la famille des béta-lactamines est très largement citée (82% 41/50) mais les autres classes ne sont que peu retrouvées (quinolones, macrolide et aminoside <10%). Concernant les règles d'évaluation des ATB seuls 36% (18/50) les énoncent spontanément et 28% (14/50) pensent que la durée moyenne d'une antibiothérapie est supérieure à 7 jours. Enfin le diagnostic de sepsis est mal repéré, 50% (25/50) identifient le trouble hémodynamique, les autres paramètres ne sont que très peu cités (vigilance et fréquence respiratoire <5%). Bien que les IDE connaissent les effets des ATB, ils ne repèrent que peu les différentes familles sauf les béta-lactamines et estiment une durée au-delà de 7 jours pour un quart d'entre eux. Le repérage des signes de sepsis n'est pas acquis alors qu'une prise en charge précoce est nécessaire. Enfin, on rencontre une ambivalence autour de la vaccination, car selon les données nationales, la moyenne des professionnels vaccinés dans les établissements de santé (campagne de grippe 2021-22), s'élevait à 22%, alors que 52% (26/50) des audités pensent que ce pourrait être un levier contre la résistance bactérienne. Une formation continue autour du bon usage des ATB, incluant les concepts de la résistance bactérienne, semble nécessaire sur l'établissement afin d'améliorer les connaissances et la prise en soin. Aucun lien d'intérêt