Garorock, 2022 : évolution de la consommation de nouveaux produits de synthèse de conducteurs « festivaliers » dans le Sud-Ouest entre 2017 et 2022 – résultats préliminaires

La consommation de nouveaux produits de synthèse est une réalité en France, y compris chez les conducteurs [Richeval C. et al. J Anal Tox 2019;43:e9–e10]. Nous présentons une évaluation de l’usage de NPS sur la base de l’analyse des fluides oraux de conducteurs initialement soumis à un dépistage de produits stupéfiants autour d’un festival de musique, en 2022 (Garorock 2022). Ces résultats sont comparés à ceux de deux précédentes études réalisées en 2017 [Richeval C et al. Forensic Sci Int 2019;297:265–26] et 2019 [Gish A et al. Current Pharmaceutical Design 2022;28:1245–1249] dans le même cadre et selon la même méthodologie, afin de pouvoir évaluer l’évolution des consommations de NPS. L’étude repose en 2022 sur l’analyse de DSS (Dried Saliva Spots) récupérés dans les dispositifs usagés des tests immunochimiques salivaires Drugcheck3000-FR (DCK, Dräger) utilisés par les forces de l’ordre lors des contrôles effectués à l’entrée et à la sortie du festival indépendamment du résultat initial du dépistage (positif ou négatif). Les DCK, anonymisés, sont analysés selon la méthodologie utilisée dans les études précédentes pour la recherche de principes actifs de médicaments et toxiques incluant les NPS par : (i) screening non ciblé par LC-HRMS ; et (ii) screenings « DOA », « médicaments » et « NPS » par LC-MS/MS en MRM, s’appuyant sur des bibliothèques de spectres de masse d’environ 1700 substances incluant plus de 750 NPS et métabolites en 2022. Au total, 283 tests usagés de dépistage salivaire ont été collectés en juillet 2022 à la suite de dépistages réalisés sur les voies d’accès et à proximité immédiate et en entrée comme en sortie du festival Garorock. Des NPS ont été identifiés dans 19 des 252 DCK analysés à ce jour (7,5 % des conducteurs soumis à un contrôle). Dans ces 19 échantillons salivaires, 11 NPS différents (21 identifications au total) ont été identifiés (n = nombre d’identifications) : 5f-PB-22 (2), JWH-081 (2), JW 210 (1), MXE (1), x-CMC (3), x-MMC (2), 2 C-D (1), 3-FPM (1), 5-EAPB (1), kétamine (3), méthylphénidate et/ou acide ritalinique (3). Le pourcentage d’usage de NPS chez ces conducteurs (7,5 %) est de l’ordre de ceux relevés dans une population de conducteurs à la même période et pour le même festival en 2019 et 2017 : 5,2 % et 6,8 %, respectivement. En 2022, la nature des NPS identifiés par rapports à Garorock 2019 est marquée par : (i) une diminution des cannabinoïdes de synthèse (24 % des NPS identifiés en 2022 vs 47 % en 2019) ; (ii) une part sensiblement identique des dérivés des cathinones (24 % des NPS identifiés en 2022 vs 29 % en 2019) ; (iii) et une augmentation des cyclohexanones et des dérives de la phenyléthylamine. Enfin, des produits stupéfiants ont également été décelés, mais en moindre proportion qu’en 2019 et 2017 (26 % en 2022 vs 29 % en 2019 et 40 % en 2017 des DSS analysés) avec la présence de THC majoritaire (20 %), suivi par la cocaïne (5,5 %) et la MDMA (4 %). Il est à noter que les NPS sont majoritairement consommés pendant le festival, puisque identifiés sur 2,6 % des DSS analysés à l’entrée du festival vs 11,3 % en sortie. Enfin, 10 conducteurs testés en sortie de festival étaient positifs pour les NPS, mais présentant un dépistage stupéfiant négatif, sont repartis au volant de leur véhicule. Ces résultats confirment l’intérêt de l’analyse des DSS des tests de dépistage salivaire pour la mise en évidence d’usage de NPS et témoignent de la réalité et des évolutions de consommation de ces substances dans une population de conducteurs à risque, celle participant aux festivals de musique électronique.