Pansements humides dans le traitement des dermatoses prurigineuses chez l’adulte : étude rétrospective monocentrique de 34 cas

La technique des pansements humides est largement utilisée dans le traitement de la dermatite atopique (DA) mais plus rarement décrite dans le traitement des autres dermatoses prurigineuses. Le but de notre étude était d’étudier l’efficacité des pansements humides dans le traitement des dermatoses prurigineuses. Nous avons réalisé une étude rétrospective monocentrique. Les patients hospitalisés en dermatologie et traités par des pansements humides entre le 1er janvier 2021 et le 31 avril 2022 pour des dermatoses prurigineuses ont été inclus. L’efficacité thérapeutique a été analysée au moins 1 semaine après la fin du traitement, selon des scores de sévérité clinique et mesurant l’impact sur la qualité de vie. Trente-quatre adultes atteints de dermatose prurigineuse inflammatoire ont été inclus (âge moyen 57,3 ans). La durée moyenne du traitement par pansements humides était de 5,8 jours. Le traitement était bien toléré dans la majorité des cas (88,2 %). Chez les patients atteints de DA (n = 10), nous avons observé une amélioration significative des scores SCORAD (p = 0,001), ADCT (p = 0,048) et NRSI (p = 0,002) et une amélioration non significative du DLQI (p = 0,200). Chez les patients atteints de psoriasis (n = 14), nous avons observé une amélioration significative de tous les scores : PASI (p = 0,002), PGA (p = 0,018), NRSI (p = 0,006) et DLQI (p = 0,027). Dans les autres dermatoses (prurigo [n = 4], eczéma non atopique [n = 2], lichen plan cutané [n = 2], toxidermie [n = 1] et dermatomyosite [n = 1]), la sévérité des lésions cutanées mesurée par la surface corporelle atteinte a été significativement améliorée (p = 0,011). Nous avons observé une amélioration significative du score NRSI (p = 0,006) et une amélioration non significative du score DLQI (p = 0,097). Il n’y avait pas de différence statistiquement significative concernant l’efficacité du traitement dans le groupe DA par rapport aux autres dermatoses, selon les scores NRSI (p = 0,318) et DLQI (p = 0,467). Dans cette cohorte de patients hospitalisés, l’application d’un dermocorticoïde de classe forte, non dilué, sous occlusion humide, a démontré une amélioration cliniquement significative des dermatoses étudiées, notamment dans le groupe psoriasis (PASI, PGA, NRSI et DLQI significativement améliorés). Bien que non significative, l’amélioration des scores NRSI et DLQI semble être plus importante dans le groupe DA, ce qui suggère une efficacité légèrement plus marquée du traitement dans le groupe DA. La différence non significative pourrait s’expliquer par la petite taille de l’échantillon (manque de puissance), ou parce que la différence est trop faible pour conclure à une différence d’efficacité. À notre connaissance, aucune étude antérieure n’a comparé l’utilisation des pansements humides dans la DA avec d’autres dermatoses. Cette étude a évalué l’intérêt des pansements humides chez les adultes atteints de dermatoses prurigineuses, montrant une amélioration significative dans la grande majorité des cas, à la fois de la sévérité des lésions cutanées et de la sévérité du prurit. Les pansements humides pourraient être une option thérapeutique dans le cadre des dermatoses prurigineuses inflammatoires.