Les inégalités sociales de santé : quelle influence sur l’histoire naturelle du cancer colorectal ?

En France, il existe des inégalités sociales de santé (ISS) dans le cancer colorectal (CCR). Les patients les plus défavorisés se caractérisent par une réduction de l’incidence du CCR et à l’inverse par un excès de mortalité. Les mécanismes à l’origine de ces ISS influençant la survie sont complexes, multidimensionnels et varient selon le système de santé. Les ISS se caractérisent chez les patients les plus défavorisés par une participation plus faible aux campagnes de dépistage, un diagnostic de CCR fait plus fréquemment en urgence et à un stade localement plus évolué, comparativement aux patients les moins défavorisés. Lors de la prise en charge thérapeutique, les patients les plus défavorisés ont plus de risque d’avoir une chirurgie par voie ouverte, des complications postopératoires sévères et une chimiothérapie retardée, lorsqu’elle est recommandée. L’étude des ISS impose des challenges particuliers : l’identification de la défavorisation sociale et l’identification de l’ensemble des prises en charge des patients sur un territoire donné. En l’absence d’informations socioéconomiques individuelles, les recherches sur les déterminants sociaux de la santé s’appuient, dans les registres de cancer en France, notamment sur un indice écologique de défavorisation sociale (l’indice européen de défavorisation) permettant une mesure écologique du milieu socioéconomique dans lequel vit un individu d’une aire géographique donnée, à un moment donné. Des études sur les ISS sont justifiées pour identifier et comprendre les mécanismes sous-jacents afin d’orienter des programmes et pratiques visant à lutter contre les ISS. As regards colorectal cancer (CRC) in France, social inequalities in health (SIH) exist. Underprivileged patients are characterized by reduced incidence of CRC and, conversely, by excess mortality. The explanatory mechanisms of the SIHs influencing survival are complex, multidimensional and variable according to healthcare system. Among the most deprived compared to the least deprived patients, SIHs are reflected by lower participation in screening campaigns, and CRC diagnosis is more frequently given at a later stage in an emergency context. During treatment, disadvantaged patients are more at risk of having to undergo open surgery and of enduring severe postoperative complications and belated chemotherapy (when recommended). Study of SIHs poses unusual challenges, as it is necessary not only to pinpoint social deprivation, but also to locate the different treatment facilities existing in a given territorial expanse. In the absence of individualized socioeconomic information, research in France on the social determinants of health is based on duly constituted cancer registries, in which an ecological index of social deprivation, the European Deprivation Index (EDI), provides an aggregate measure of the socioeconomic environment of a given individual in a given geographical setting at a given point in time. All in all, studies on SIHs are justified as means of identification and comprehension of the mechanisms underlying social deprivation, the objective being to more precisely orient programs and practices aimed at combating SIH.