Traitement probabiliste des infections urinaires communautaires et en Ehpad : quels antibiotiques efficaces en 2021 ?

Les infections urinaires (IU) sont une problématique fréquemment rencontrée en médecine générale et l'ECBU représente l'examen bactériologique le plus demandé. Les pratiques de prescription peuvent conduire à des choix thérapeutiques inappropriés en ce qui concerne la molécule et/ou la durée. A partir des données issues d'une surveillance nationale qui suit la résistance aux antibiotiques en ville et secteur médicosocial, nous avons vérifié l'efficacité des antibiotiques à visée urinaire En 2021, les antibiogrammes d'Escherichia coli isolés d'urines de patients vivant à domicile ou de résidents d'Ehpad ont été collectés, ainsi que les données administratives. Les souches de patients hospitalisés ont été exclus. En 2021, le nombre total d'antibiogrammes d'E. coli urinaires inclus était de 614 858 dont 578 731 (94,1%) de patients vivant à domicile et 28 081 résidents en Ehpad. La médiane d'âge des patients prélevés en ville était de 65 ans (IIQ: 44 - 77) pour un sexe ratio H/F de 0,19 vs 89 ans (IIQ: 84 – 93) en Ehpad pour un sexe ratio de 0,13. Chez les patients vivant à leur domicile, 3,2% des souches de E. coli étaient résistantes aux C3G, avec 2,8% des souches productrices de bêta-lactamase à spectre étendu (E. coli-BLSE), variant de 1,8% à 4,7% selon les régions. La résistance aux fluoroquinolones (FQ) était de 12,7% et variait selon les régions de 8,6% à 19,6%. Chez les femmes, la résistance aux molécules indiquées dans le traitement des cystites à risque de complication variait entre 0,5% pour la nitrofurantoïne (NF) et 41,6% pour l'amoxicilline (AMX). La résistance à la fosfomycine (FOS) était inférieure à 2%. La résistance aux traitements antibiotiques indiqués dans le traitement des infections urinaires masculines était de 6,1% pour les céphalosporines de 3ème génération (C3G) injectables, 19,1% pour les fluoroquinolones et 24,5% pour le triméthoprime/sulfaméthoxazole (TSU). En Ehpad, 9,2% des souches urinaires de E. coli étaient résistantes aux C3G et 8,4% des souches étaient productrices de BLSE, variant de 0,0% à 20,0% selon les régions. La résistance aux FQ chez E. coli concernait 19,5% des souches, variant selon les régions de 12,5% à 33,3%. Chez les femmes, la résistance variait entre 1,2% pour la NF et 50,4% pour l'AMX. Les pourcentages de résistance à la FOS étaient inférieurs à 3%. Pour les hommes, la résistance était de 15,6% pour les C3G injectables, 27,3% pour le TSU et 29,2% pour les FQ. Les ATB à visée urinaire restent efficaces dans la majorité des situations. Parmi les traitements de la cystite compliquée chez la femme, l'AMX est l'ATB présentant la résistance la plus élevée chez les souches urinaires de E. coli. Dans le traitement probabiliste de cette infection, la FOS et NF conservaient en 2021 des niveaux de sensibilité élevés chez les patientes de ville (> 98%) et d'Ehpad (> 97%). Ces résultats confirment que les recommandations pour le traitement de ces infections émises par la SPILF en 2018 restent d'actualité. Aucun lien d'intérêt